Les troubles digestifs chez les personnes atteintes du syndrome de Rett sont sous-estimés. Peu d’articles scientifiques ont été publiés et la recherche à ce sujet demande à être développée.
Environ 75% de cette population présente des troubles digestifs et 50% aura des problèmes nutritionnels, ce qui altère leur qualité de vie.
Parmi les troubles digestifs, on trouve entre autres le reflux gastro-oesophagien (RGO) et la constipation.
Parmi les troubles digestifs hauts, on a :
- Les troubles de la déglutition et de la mastication (50% des personnes atteintes du syndrome de Rett présentent des troubles de la mastication). Ces troubles peuvent être la conséquence d’une mauvaise posture ou de mouvements anormaux de la langue.
- Anomalies du réflexe nauséeux, qui, normalement est situé à la base de la langue.
- Vomissements, qui peuvent être d’origine neurologique ou comportementale.
- Fausses routes.
- Reflux gestro oesophagien (RGO)
Concernant le RGO :
Le corps humain possède ses propres mécanismes anti-reflux : le sphincter inférieur de l’oesophage, la clearance oesophagienne et la vidange gastrique.
Parfois le mauvais positionnement de la personne et éventuellement des problèmes anatomiques ainsi que la texture de la nourriture ingérée peuvent entrainer des remontées du liquide gastrique dans l’œsophage et donc un RGO.
–Diagnostic :
Le diagnostic clinique reste le meilleur moyen de le détecter (régurgitations, vomissements, rumination….) mais parfois d’autres signes comme une perte de poids, un refus alimentaire, un état respiratoire aggravé, de l’agitation, une automutilation ou une anémie peuvent alerter également.
Uniquement en cas d’hésitation, des examens complémentaires peuvent être effectués, comme une pH-métrie (qui permet de détecter les moments de la journée ou de la nuit où le reflux est plus important), monométrie ou une fibroscopie (mais qui ne met en évidence le RGO que si l’œsophage a des lésions) .
–Prise en charge :
On peut avoir recours
- à un traitement médical :
-les IPP (inhibiteurs de la pompe à proton) qui empêchent les sécrétions acides mais pas les remontées
-Anti H2
-Bétanéchol qui favorise la contraction du sphincter de l’œsophage mais qui a des effets indésirables et qui n’est délivré que dans les pharmacies hospitalières.
- à un traitement chirurgical si le traitement médical est un échec (Nissen par exemple)
- Le régime alimentaire peut également aider à l’amélioration du RGO (éviter les tomates, agrumes et le chocolat par exemple).
Concernant la constipation :
–Définition : émission de moins de trois selles par semaine pendant deux semaines
85% des personnes atteintes du syndrome de Rett sont concernées.
–Diagnostic :
Le diagnostic clinique se base, en plus de la définition, sur la présence de ballonnements associés ou non à des douleurs.
–Prise en charge :
Une forte hydratation est le premier « traitement » à mettre en place, l’activité physique (quand c’est possible) et l’ingestion de fibres (son de blé par exemple) peuvent également améliorer le transit.
On peut associer cela à un traitement médical de type laxatif (PEG) et en cas de besoin à des lavements.
La kinésithérapie et le nursing (massages…) sont également bénéfiques.
Même s’il n’y a pas de retour scientifique, on peut également tester une cure d’un mois de pré/probiotiques.
Concernant les troubles de l’alimentation :
–Constat : Environ 90% des personnes atteintes du syndrome de Rett ont des troubles de l’alimentation, qui ont tendance à s’aggraver avec l’âge.
Les enfants atteints mangent seulement les 2/3 de la ration calorique normale d’un enfant du même âge non malade.
Cela peut conduire à de la dénutrition, un retard de croissance staturo-pondéral, des carences vitaminiques (en particulier en fer) et également à une aggravation de l’ostéoporose.
Il est conseillé de faire une évaluation régulière du poids et de la taille, une évaluation diététique précise ainsi qu’une évaluation des troubles de la déglutition.
–Prise en charge :
Une augmentation sur mesure des aliments ingérés suite aux évaluations précédentes peut être mise en place. La prise de repas fractionnés et fréquents ainsi que de compléments alimentaires peut être proposée. Il n’est pas conseillé de mettre en place des restrictions alimentaires (gluten, lactose…).
Les difficultés alimentaires (troubles de la déglutition…) peuvent être prises en charge par un suivi orthophonique.
Selon le bilan avec des professionnels, une sonde nasogastrique ou une gastrostomie peuvent être proposées.
La gastrostomie a plusieurs avantages : moins de risque d’obstruction, changement de matériel moins fréquent, invisible sous les vêtements, moins de complications que la sonde nasogastrique et n’empêche pas l’alimentation par voie orale ni la prise en charge des troubles de l’oralité (qui peuvent être générés ou exacerbés par la présence de la sonde nasogastrique).